CONSTRUIRE AU-DELÀ DE LA MEDITERRANÉE: L’APPORT DES ARCHIVES D’ENTREPRISES EUROPÉENNES (1860-1970)

Introduction

L’exposition « Construire au-delà de la Méditerranée » invite à la découverte d’une sélection d'archives d'entreprises de construction européennes actives dans l’arc sud-est de la Méditerranée entre 1860 et 1970.
Les fonds d’archives d’entreprises constituent un patrimoine culturel exceptionnel et méconnu qui documente aussi bien l’histoire des techniques que celle de la diffusion des savoir-faire européens aux XIXe et XXe siècles. Ouvrages d’art en acier ou en béton armé, cités pour ouvriers et cadres expatriés, bâtiments publics mais aussi chantier de restauration, mobilier et décors façonnés par des artisans d’art…, toutes ces réalisations témoignent selon le lieu et la période, coloniale ou post-coloniale, d'intenses échanges commerciaux, humains, techniques, culturels et artistiques, subis ou choisis, entre l'Europe et les rives sud de la Méditerranée.

En raison des itinéraires variés des entreprises (transmissions, cessions, etc.), ces archives se caractérisent par leur très grande dispersion. L’accès en est souvent difficile faute de localisation et classement précis, ou simplement du fait de leur caractère familial. La sélection des fonds présentés dans l'exposition témoigne de la diversité de leur statut. Les documents proviennent autant d'archives déposées dans des institutions publiques que de collections conservées en mains privées. Parmi les fonds conservés dans des institutions publiques ou privées figurent :

  • En Belgique, le fonds d'archives de l’entreprise Baume & Marpent qui fait partie des collections de l’Écomusée du Bois-du-Luc, installé depuis 1983 sur un ancien site minier, classé Patrimoine exceptionnel de Wallonie.
  • En France, le fonds d’archives de l'entreprise de béton armé Hennebique, déposé aux archives de l’Institut français d’architecture à Paris en 1989 et celui de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, conservé depuis 1995 aux archives nationales du monde du travail à Roubaix.
  • En Suisse, le fonds d’archives de l’ingénieur Charles Andreae, conservé à la bibliothèque de l’École polytechnique fédérale (ETH) de Zurich.
  • En Italie, le fonds de la Società nazionale officine Savigliano conservé aux archives d'État et à la Bibliothèque centrale d’architecture de l’École polytechnique de Turin ; le fonds de l'ingénieur italien Luigi Luiggi conservé à la Facoltà ingegneria civile, edile e ambientale de l'université de Rome La Sapienza ; le fonds de l'entrepreneur Porcheddu déposé en 1970 à la bibliothèque du Dipartimento di ingegneria dei sistemi edilizi e territoriali de l’École polytechnique de Turin ; les archives de la Società egiziana per estrazione & commercio fosfati qui font partie des archives historiques du Banco di Roma conservées au Palazzo del Monte di Pietà à Rome ; les archives de l’Associazione nazionale per soccorrere i missionari italiani e i suoi ingegneri (ANMI) conservées en son siège à Rome ; les archives historiques des Cavalieri del Lavoro également conservées à Rome.

De nombreux documents sont également issus de collections familiales telles que celles des entreprises italiennes Cartareggia, Gaeta, Lodigiani, Nistri, Parvis, de l’ingénieur italien Riccardo Decima, des entrepreneurs français Félix Paponot et Paul Kiss, de l’entreprise suisse Rothpletz.

 

Initialement hébergée sur le site du musée virtuel « archmuseum.org », aujourd’hui disparu, l’exposition a été conçue en 2012, dans le cadre du projet de coopération européen « ARCHING, archives d’ingénieries européennes » (programme Culture 2007-2013 de la Commission européenne), par cinq institutions partenaires :

  • le laboratoire InVisu (CNRS - INHA), Paris, France (coordinateur)
  • l’Écomusée du Bois-du-Luc, La Louvière, Belgique
  • la Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris, France
  • le Dipartimento di Architettura disegno-storia-progetto de l’université de Florence, Italie
  • Archmuseum (YEM), Istanbul, Turquie

Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette exposition n'engage que son auteur et la Commission n'est pas responsable de l'usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.

Parmi les entreprises présentées, certaines possédaient des relais dans les grandes capitales du sud de la Méditerranée. Ainsi, l'entreprise Hennebique avait des bureaux au Caire, à Alger, à Tunis et Istanbul (Constantinople), à l’instar de la firme belge Baume & Marpent qui se dota d’un bureau au Caire en 1893 après avoir été dans un premier temps représentée par un associé local. Enfin un grand nombre d’entres elles étaient définitivement installées au sud, comme les nombreuses entreprises de construction italiennes implantées en Égypte ou en Tunisie.

 

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C’est à travers la réalisation des grandes infrastructures de transport (lignes de chemins de fer, routes, canaux) que les entreprises européennes pénètrent les marchés du sud de la Méditerranée. Le Maghreb, progressivement annexé à partir du milieu du XIXe siècle à l’Empire colonial français, devient le lieu privilégié de l’intervention des entreprises françaises. C’est aussi dans l’Empire ottoman, qui  à partir de 1839 lance une réforme de ses institutions et s’engage dans un mouvement de modernisation accélérée, que les entreprises européennes déploient leurs activités.
Le chantier du canal de Suez, ouvert en 1859 pour unir les eaux de la mer Rouge à celles de la Méditerranée, compte parmi les réalisations européennes les plus célèbres. Les marchés de construction des lignes de chemin de fer (ponts, tunnels, réservoirs d’eau) destinées à acheminer les matières premières des territoires nouvellement conquis vers les ports du sud de la Méditerranée ainsi que l’aménagement de ces ports (digues, quais, phares) sont cependant les plus nombreux. Le franchissement des oueds (ou wadi) au Maghreb ou du Nil et de ses canaux en Égypte, nécessite la création d’une multitude de ponts pour lesquelles les entreprises européennes se disputent les appels d’offres en opposant deux techniques de construction : la charpente métallique et le béton armé.
A partir du début du XXe siècle, les aménagements hydrauliques (barrages, digues, systèmes de drainage, égouts) destinés à améliorer l’irrigation des terres agricoles ou à assainir les villes deviennent, pour les entreprises de travaux publics européennes, un marché très prospère.

 

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Si les ponts construits par les grandes entreprises européennes dans la seconde moitié du XIXe siècle sont tous en acier, le XXe siècle voit l’avènement du béton armé. Alors que la majorité des ponts métalliques étaient entièrement préfabriqués en Europe et uniquement assemblés in situ, les premières structures en béton armé étaient plus propices à l'intégration culturelle des savoir-faire locaux.

  • L'entreprise Baume & Marpent (1853-1956) est connue dans le monde entier pour ses ponts métalliques. La production de ponts de tous types (ponts fixes, mobiles ou suspendus, et ponts-levis) était incontestablement une spécialité de la firme belge. Entre 1894 et 1952, l'entreprise a fourni 158 ponts à l'Égypte, dont sa réalisation emblématique, le célèbre pont d'Imbaba (1912-1924) au Caire.
  • Entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale, l'entreprise Hennebique a travaillé sur plus de soixante projets de ponts en béton armé en Algérie ; une quinzaine, en Tunisie ; une douzaine, en Égypte. Indépendamment de l'impact de la « propagande » développée par Hennebique, les pouvoirs publics ont sans doute été davantage sensibilisés aux avantages du béton armé dans un contexte géographique où les crues soudaines caractéristiques d'un oued démolissaient fréquemment les ouvrages, balayant les tabliers métalliques et emportant les piles en maçonnerie.
  • Même si les entreprises italiennes n'étaient pas aussi solidement implantées à l'étranger que les entreprises de construction métallique belges, françaises, allemandes et britanniques, certaines d'entre elles ont remporté des contrats prestigieux. En 1929, la Società Nazionale Officine Savigliano a remporté le concours organisé par le ministère égyptien des communications pour la conception et la construction de deux ponts ferroviaires à Girga sur la ligne Le Caire-Shellal. Les entrepreneurs italiens ont également été actifs dans la construction de petits ponts en béton sur les canaux égyptiens.

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Entre 1880 et la fin des années 1920, l'ingénieur hydraulique italien Luigi Luiggi a été l'un des concepteurs les plus actifs des ports de la côte sud de la Méditerranée. Ses archives, qui comprennent des cartes historiques, des plans, des rapports et des descriptions de systèmes de construction, constituent une source d'information précieuse tant pour les historiens qui étudient le développement des ports libyens et égyptiens durant cette période que pour les entreprises spécialisées dans la restauration des grandes infrastructures.

 

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Comme l'écrit le journal Le Béton armé en 1900, « la construction de châteaux d'eau est l'une des principales applications du béton armé, et ce genre de travaux a été une source importante d'affaires pour tous les systèmes d'armature. » Répondant à la pénurie d'eau douce causée par l'instabilité de l'approvisionnement en eau fluviale et pluviale en Afrique du Nord, les entrepreneurs européens sont très actifs dans la construction de réservoirs d'eau. L'entreprise italienne Porcheddu est le principal entrepreneur dans le domaine de la construction de châteaux d'eau en béton armé à partir de 1903. En 1912, l'entreprise présente au ministère italien des Colonies plusieurs propositions de réservoirs pour accompagner le développement des ports libyens.

 

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Dès l'Antiquité, les Égyptiens ont créé un système d'irrigation des terres situées le long du Nıl qu'ils n'ont cessé d'améliorer. Les grands travaux hydrauliques initiés par Mohammed Ali à partir de 1830 et poursuivis jusqu'à aujourd'hui ont offert de nombreux marchés aux entrepreneurs européens. Ils comprennent la construction d'infrastructures telles que des écluses et des déversoirs pour les nouveaux canaux d'irrigation ainsi que le premier barrage d'Assouan, construit en 1902 et surélevé à deux reprises, d'abord en 1912 puis en 1933, avec la participation d'entrepreneurs italiens.

 

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Les entreprises qui avaient aussi une activité de maîtrise d’ouvrage nous livrent un matériel immense qui documente de façon très précise tout un pan de l’histoire de l’urbanisme patronal. À l’instar de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez qui lance, à partir de 1862, la construction des villes de Port-Saïd, Ismaïlia et Port-Tawfiq en Égypte, les compagnies qui ont exploité (et exploitent parfois encore) les ressources minières du sous-sol du nord de l’Afrique (au Maroc, par exemple, l’Office chérifien des phosphates, la société chérifienne des charbonnages de Jérada, la Société anonyme chérifienne d’études minières) sont à l’origine d’une multitude de petites agglomérations, inspirées des modèles de villages ouvriers bâtis dès la première moitié du XIXe siècle en Europe. En Égypte, la Società egiziana per estrazione & commercio fosfati, société italienne qui exploitait des mines de phosphates le long de la mer Rouge, offre un cas d’étude particulièrement intéressant de diffusion de l’architecture rationaliste italienne.
L’architecture des lotissements destinés au personnel, de même que leur organisation par rapport aux espaces de production et aux équipements publics reflètent le pragmatisme de leurs concepteurs soucieux d’adapter les logiques de l’ingénierie aux idéaux internationaux de l’architecture et de l’urbanisme, et empreints de paternalisme.

 

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La plupart des villes de compagnie étant située sur des sites d'exploitation de ressources naturelles, leur architecture et leur environnement revêtent un caractère particulier. Elles présentent toutes des équipements propres au type d'exploitation. Les industries extractives requièrent de vastes espaces pour le stockage et l'élimination des déchets et développent également des systèmes de transport tels que des bandes transporteuses ou des téléphériques. La Compagnie universelle du canal maritime de Suez, chargée de l'entretien et de l'exploitation du canal, posséde de grands ateliers de réparation du matériel. Mais l'édifice le plus emblématique d'une ville-entreprise est généralement le bâtiment administratif.

 

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Au début du XXe siècle, seule une petite partie des logements des employés était construite par les entreprises. Dans les endroits isolés, elles n'avaient cependant guère d'autre choix que de construire des logements. C'est le cas des villes minières du Maroc situées dans des régions montagneuses et de celles du Canal de Suez, dans les terres désertiques de l'isthme de Suez. Souvent inspirées de modèles européens d'urbanisme, les villes nouvelles construites dans l'entre-deux-guerres se caractérisent par une importante ségrégation spatiale entre les quartiers autochtones et européens, ainsi qu'entre ceux des cols blancs et des ouvriers.

 

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Une ville d'entreprise modèle était une ville dans laquelle le paternalisme du propriétaire s'étendait au-delà des exigences architecturales de base des ateliers ou des mines. Dans le cas des villes minières marocaines et égyptiennes ou de celles situées le long du canal de Suez, les promoteurs fournissaient également des équipements sociaux tels que des écoles, des salles de réunion, des bâtiments cultuels, des bâtiments de loisirs et de sport.

 

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L’activité des entreprises européennes dans le domaine de la construction de bâtiments publics et privés est particulièrement intense durant la première moitié du XXe siècle. Ainsi, l’Associazione nazionale per soccorrere i missionari italiani e i suoi ingegneri (ANMI), la société de secours mutuel qui a accompagné le mouvement migratoire italien outre-Méditerranée, est à l’origine d’un grand nombre d’habitations ou d’équipements (écoles, hôpitaux) en Égypte, Tunisie ou Libye. Les archives de l’ANMI livrent ainsi une documentation inédite sur les œuvres d’architectes italiens souvent peu connus.
En Algérie, profitant d’un marché immobilier en pleine expansion à la fin des années 1920, les promoteurs privés réalisent de nombreux projets. Au regard des informations fournies par les archives, ces projets révèlent une étroite collaboration entre les ingénieurs-agents et les concessionnaires de brevet de l’entreprise Hennebique et de nombreux architectes français.
Si les entreprises de charpente métallique sont surtout connues pour leurs ouvrages d’art, elles œuvrent aussi dans le domaine de l’architecture et réalisent plus particulièrement des bâtiments industriels (hangars et ateliers, entrepôts), telle la société belge Baume & Marpent auteur d’entrepôts au Caire et dans les villes du canal de Suez ou la Società nazionale officine Savigliano qui s’illustre dans la réalisation des rayonnages de la bibliothèque Vallianos à Athènes.

 

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Les grandes banques coloniales, telles que la Compagnie Algérienne et le Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie, étaient des clients importants des entrepreneurs français du béton armé. Les silos destinés à stocker les marchandises qu'elles contrôlaient en garantie de prêts ainsi que leurs succursales dans les villes de province figurent parmi leurs principaux projets.
Grâce à son brevet sur le béton, l'agence Hennebique était également très active dans la construction de garages automobiles car les poutres en béton armé de grandes portées libéraient la surface au sol pour la circulation des véhicules.

 

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Comme l'ont souligné de nombreux historiens, les bénéfices réalisés par les colons qui possédaient de grands domaines agricoles en Algérie étaient souvent investis dans l'immobilier de rapport et dans des entreprises de service. Une grande partie des activités de l'agence française Hennebique en Afrique du Nord est liée à ces investisseurs.

 

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La plupart des dessins présentés ici proviennent des archives de l'ANMI. Fondée en 1887 à Florence, l'ANMI (Associazione Nazionale per Soccorrere i Missionari Italiani - Association nationale de secours aux missionnaires italiens) a été le plus important promoteur des œuvres italiennes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (à l'exception de la Libye) jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale. Cette association, qui a donné lieu à la création de bureaux techniques pour l'élaboration de plans, est à l’origine de nombreux bâtiments scolaires et hospitaliers pour les communautés italiennes. Tous ces bâtiments ont été conçus et construits par des architectes et des entrepreneurs italiens.

 

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A partir du début du XXe siècle, le tourisme de villégiature dans le sud de la Méditerranée contribue aux économies nationales.
Les promenades de front de mer, les équipements sportifs, les hôtels et les théâtres construits par de riches investisseurs cosmopolites, les musées d'antiquités exposant le patrimoine local sont mis à la disposition des membres les plus riches des sociétés coloniales et fournissent de nombreux contrats aux entreprises de construction locales et européennes.

 

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Les archives d’entreprises renouvellent aussi notre connaissance dans le domaine de la restauration du patrimoine monumental. Des chantiers inattendus ont été mis au jour dans les archives du bureau d'étude de béton armé Hennebique tels celui de la grande mosquée des Omeyyades à Damas (Syrie) ou bien encore celui de la mosquée Mohammad Ali de la citadelle du Caire (Égypte). Dans ce dernier cas, l’entreprise Hennebique en concurrence avec dix autres grandes entreprises n’obtient pas le marché qui est attribué à l’entreprise suisse Rothpletz & Lienhard.
Les entreprises européennes ont également joué un rôle majeur dans le chantier du déplacement des temples de Nubie. Ce chantier « pharaonique » met en lumière une coopération inédite de grandes sociétés. La joint-venture Abou Simbel qui décrocha le marché en 1963 incluait ainsi l’entreprise française Grands Travaux de Marseille, l’entreprise allemande Hochtief d’Essen, le groupe italien Impresit-Girola-Lodigiani (Impregilo) de Milan, le groupe suédois Skanska & Sentab de Stockholm, et la société égyptienne Atlas.
Tous ces documents inédits n’intéressent pas que la recherche, ils contiennent aussi des informations utiles à tous ceux qui œuvrent à la conservation du patrimoine. Disposer d’une connaissance précise et fiable sur les procédés et matériaux de construction utilisés est gage d’une restauration viable et de qualité, quand vient le temps de la requalification.

 

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La restauration de la mosquée Mohammed Ali au Caire représente un cas d'étude intéressant.
Lancé par le gouvernement égyptien sous la supervision d'une commission technique composée d'ingénieurs égyptiens et européens, l'appel d'offres a été remporté par une société suisse, Rothpletz & Lienhard, face aux offres de onze autres entreprises. Des albums photos, aujourd'hui conservés en Suisse, permettent de documenter l'ensemble du processus de restauration.

 

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Le sauvetage des temples d'Abou Simbel a fait couler beaucoup d'encre, surtout dans les années 1960, lors de la campagne internationale lancée par l'UNESCO puis lorsque les opérations de sauvetage étaient en cours. Néanmoins, l'histoire de la concurrence entre les entreprises européennes qui tentaient de trouver les conceptions les plus novatrices et les plus esthétiques reste moins documentée. Les archives privées d'ingénieurs italiens récemment collectées ont permis de combler partiellement cette lacune.

 

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L’investigation dans le domaine des archives de l’artisanat d’art, et plus particulièrement des arts appliqués au second œuvre du bâtiment (ferronnerie, mosaïque, vitrail etc.) augure aussi de belles perspectives. Les recherches sur les ferronniers, auteurs notamment de nombreuses portes de style Art déco, n’en sont qu’à leur début, tout comme celles sur les mosaïstes qui, à l’instar du Français d’origine italienne Odorico, ont diffusé leur production dans le monde entier. Les fabricants de mobilier associés à des décorateurs, comme le ferronnier Paul Kiss, installé à Paris et lié à l’artiste Edmond Soussa, ou bien encore les entreprises italiennes Berté & Gaeta, Nistri, Parvis, toutes trois installées au Caire, ont tous participé activement au rayonnement de l’artisanat européen autour de la Méditerranée autant qu’à la diffusion, en Europe, du goût pour le décor arabisant.

 

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L'artisan français Émile Robert a fortement milité pour un retour au fer forgé dans les années 1890, après un siècle de travail de la fonte.
Pendant l'entre-deux-guerres, grâce à leur participation aux expositions internationales de Paris et du monde entier, certains artisans du métal ont acquis une solide réputation. Ils obtiennent des commandes pour des bâtiments prestigieux tels que des banques, des ambassades, des consulats et des palais.

 

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À l'aide d'un vocabulaire puisant dans les motifs orientaux et arabes, souvent mélangés ou adoucis par des suggestions et des réminiscences européennes, les entrepreneurs qui travaillent dans le domaine de la décoration intérieure ont tantôt orienté, tantôt rencontré le goût de leurs clients, particulièrement sensibles à l'art et au luxe.
Certains des designers, doués du sens des affaires et de la prudence, ont profité des circonstances favorables et sont devenus des figures de l’entrepreneuriat moderne.

 

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